Biographie de Hermann Andersen

Hermann Andersen (?-?) était un photographe commercial prussien sur lequel nous ne disposons encore que de peu d'informations. On ne connaît ni sa date de naissance ni celle de son décès. Il était probablement originaire d'une famille du port de Könisberg1 (aujourd'hui Kaliningrad).

Hermann Andersen fut employé comme comptable à Yokohama à partir 1874 pour les soyeux suisses Bavier & Co et il travaillait occasionnellement comme avocat. Le 15 novembre 1875 il devint le partenaire commercial de Stillfried pour l'aider à gérer son studio (Japan Photographic Association) et la compagnie fut nommée Stillfried and Andersen. Le 14 janvier 1877, le studio brûla entièrement mais une bonne partie du stock de négatifs fut sauvée. Aussi, le 23 du même mois, Stillfried and Andersen rachetèrent le stock de Beato et son studio où ils s'installèrent, au no 17 sur le Bund. Le 30 juin 1878, alors que Stillfried venait juste de revenir d'une longue tournée de douze mois autour du monde pendant laquelle Andersen avait géré au quotidien le studio de Yokohama, les deux associés décidèrent de mettre fin à leur partenariat. Par contrat, Andersen racheta le studio, le nom Stillfried and Andersen et le stock de négatifs de Stillfried qui s’engagea imprudemment à ne plus faire de photographie commerciale au Japon pendant dix ans. Andersen exploita alors seul le studio sous le même nom commercial de Stillfried and Andersen de mi-1878 à son rachat en 1883 par Franz Stillfried, le frère de Raimund.

Si les motivations de Stillfried pour céder la part de son studio à Andersen restent obscures, Andersen profita lui de cette occasion unique pour devenir le photographe principal du studio tout en bénéficiant de la notoriété internationale de Stillfried. A partir de mi-1878 Andersen ajoute progressivement ses propres photographies au stock existant de photographies de Raimund Stillfried et de Felice Beato. Luke Gartlan a ainsi découvert récemment2 qu'une photographie assez connue attribuée à Stillfried – un Japonais habillé en haut de forme et redingote d'une manière peu flatteuse – est en fait de Hermann Andersen3.

Le nouveau rôle social d'Andersen comme photographe mondain de Yokohama éclaire sous un nouveau jour les procès qu'il intenta à Stillfried lorsque celui-ci, en violation de leur accord commercial, fit plusieurs tentatives pour rouvrir un studio à Tokyo, puis à Yokohama avec son frère Franz comme prête-nom. Outre le contentieux commercial, il souhaitait probablement garder le rôle de seul photographe occidental du Kantô.

Le 4 mai 1881, Raimund Stillfried, qui ne pouvait plus travailler légalement comme photographe après avoir perdu ses procès contre Andersen, se résolut à quitter définitivement le Japon. En 1883, alors que la concurrence japonaise s'intensifiait, Andersen revendit les droits de Stillfried and Andersen à Franz Stillfried qui était resté à Yokohama4 et quitta lui-même le Japon le 24 décembre 1883.

Références :

BENNET Terry, Photography in Japan: 1853–1912, Rutland, Vt, Charles E. Tuttle, 2006.

BOYD Torin, IZAKURA Naomi 井桜直美, Portraits in Sepia From the Japanese carte de visite collection of Torin Boyd and Naomi Izakura セピア色の肖像 幕末明治名刺判写真コレクション, Tōkyō, Asahi Sonorama 朝日ソノラマ, 2000.

GARTLAN Luke, A Career of Japan : Baron Raimund von Stillfried and Early Yokohama Photography, Leiden, Brill Academic Publishers, 2016.


Claude Estèbe

Notes

1. GARTLAN Luke, A Career of Japan : Baron Raimund von Stillfried and Early Yokohama Photography, Leiden, Brill Academic Publishers, 2016, p. 245.

2. ibid., p. 145

3. Un album de Stillfried and Andersen de 1879 - postérieur au départ de Stillfried - de la collection du musée Guimet renferme une épreuve de cette photographie (épreuve 101_17). D'autres épreuves de cet album provenant du fonds Dubois semblent également avoir été prises par Andersen.
Cette photographie est également présente dans un album de Stillfried and Andersen de la Société Française de Géographie conservé au Département des cartes et plans de la bibliothèque nationale.
Elle est reproduite dans l'ouvrage suivant :
EDEL Chantal, Mukashi-mukashi le Japon de Pierre Loti photographies par Beato et Stillfried, Lausanne, Arthaud, 1984, p. 78.

4. Franz Stillfried céda ensuite ses droits à Adolfo Farsari en 1885.