Felice Beato

La vallée de Miyagase Valley of Mayonashi [ La vallée de Mayonashi]


Transcription modernisée

VALLEY OF MAYONASHI.

IRRESPECTIVE of the attractions of Mayonashi as a picturesque retreat among the hills, where bathing and trout fishing may be enjoyed, it has the advantage of being a good starting point for the sacred mountain of Oéyama—the highest of the range which encircles Fusi-yama—and from the summit of which a most extensive and comprehensive view of the neighbouring country may be obtained. Oéyama, like all other sacred mountains, is believed to have its guardian demon, yelept Tenjo—who is said to exhibit his displeasure by breaking the limbs of all who attempt to ascend on any side but the regular pathway taken by pilgrims—where tributary offerings are levied by attendant priests. As this road is closed to foreigners (with the exception of Ministerial Representatives), several parties of Foreigners—attracted by the charm of tasting forbidden fruit, have climbed its difficult height—and on one occasion an English officer, owing to having been misled by a guide, failed to attain the summit and accidentally broke his leg—which the natives looked upon as the demon’s revenge for invasion of his domain.

There is said to be good sport in wild boar and deer shooting on this mountain and the adjacent hills, but the cover is so thick and impenetrable, and the country is so abrupt and precipitous, that the game is scarcely worth the candle.

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Traduction

VALLEE DE MAYONASHI.

OUTRE ses attractions comme un refuge pittoresque au milieu des collines, où l'on peut apprécier la baignade et la pêche à la truite, Mayonashi [Miyagase] a l'avantage d'être une bonne base de départ pour la montagne sacrée de Oeyama – la plus haute de la chaîne qui entoure le Fusi-yama [mont Fuji] – et du sommet de laquelle on a une vue vaste et complète des environs. Oeyama, comme toutes les montagnes sacrées, est censée avoir son démon gardien, yelept Tenjo – qui montrerait son mécontentement en brisant les membres de tous ceux qui tentent de gravir la montagne par tout autre côté que la voie régulière emprunté par les pèlerins, où des offrandes tributaires sont prélevées par les prêtres en fonction. Comme cette route est fermée aux étrangers (à l'exception des représentants ministériels), plusieurs groupes d'étrangers – attirés par le charme de goûter le fruit défendu, ont escaladé cette montagne difficile – et à une occasion un officier anglais, qui avait été mal conseillé par un guide, à échoué à atteindre le sommet et s'est cassé la jambe accidentellement, ce que les locaux ont considérés comme la vengeance du démon pour l'invasion de son domaine.

On dit que c'est un bon endroit pour chasser le sanglier et le cerf dans cette montagne et les collines adjacentes mais le couvert est si épais et impénétrable et la région est si pentue et escarpée que le jeu en vaut à peine la chandelle.


Commentaire

Une des difficultés dans les textes de cette époque, même en langue occidentale, est la transcription des noms de lieux qui est souvent approximative et changeante. Ainsi, la ville d'Edo (江戸) a été successivement transcrite en anglais Jeda, Yedo et aujourd'hui Edo 1 . Le village que Murray nomme Mayonashi a pu être identifié et s'appelle en fait Miyagase (宮ヶ瀬). Le mont Tenjō (天上山), cité dans le texte pour son démon « Yelept Tenjo » est l'un des meilleurs points de vue pour le mont Fuji. Culminant à 1104 m, il est situé juste à côté du lac Kawaguchi. Il ne semble pas exister de démon (oni) dont le nom japonais puisse être plus ou moins transcrit en « Yelept » bien que Murray fasse toutefois référence à une légende locale attestée.

Ces excursions, à une journée de cheval de Yokohama, n'intéressaient que les résidents de Yokohama et disparurent progressivement des albums à mesure que les restrictions sur les déplacements furent levées et que les transports s'améliorèrent. Elles furent remplacées par des vues de lieux touristiques plus lointains.

Ce superbe paysage de montagne est caractéristique des paysages pris avec le procédé au collodion humide. Le long temps de pose a lissé les remous de la rivière en une masse cotonneuse. L'émulsion argentique au collodion n'étant sensible qu'au bleu et supportant mal les forts contrastes le ciel apparaît uniformément blanc, vide de tout nuage. Cette épreuve est monochrome, car contrairement à ce que l'on peut parfois lire encore, Felice Beato ne faisait jamais colorier ses paysages 2 .

Seul le personnage accroupi à droite au premier plan permet, a priori, d'identifier ce paysage comme pris au Japon.

Notes

1. Système Hepburn modifié, le plus fréquemment utilisé pour transcrire le japonais en langues occidentales, et utilisé par le Musée Guimet.

2. Par contre, ses portraits et scènes de genre étaient souvent mises en couleur à la main. Quand ses paysages sont coloriés, il s'agit d'un retirage ultérieur par le studio de Stillfried & Andersen ou de Farsari, par exemple.


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Permalien pour cette notice

http://www.guimet-photo-japon.fr/notices/notice.php?id=288